À l’Assemblée nationale, le « Attal show » ne convainc pas les oppositions publié par Le Point – Politique le
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Gabriel Attal entre dans un hémicycle presque vide. Pour la première fois, il est absolument seul. Seul face aux oppositions, qui attendent avec un mélange d’excitation et d’indifférence cette première séance de « questions au Premier ministre », censée redynamiser la traditionnelle séance de questions au gouvernement du mercredi.
Seul, aussi, face à une poignée de députés de la majorité, qui l’applaudissent timidement. Sébastien Delogu, député LFI et ex-chauffeur de Jean-Luc Mélenchon, se moque d’eux. Attal s’assied, lève les yeux et pianote sur son téléphone pendant que l’hémicycle se remplit. Le locataire de Matignon entend quelques cris provenant des bancs des Insoumis et sourit. Le « show » va commencer. Seul représentant du gouvernement, il va concentrer, pendant quarante-cinq minutes, toutes les critiques des oppositions et devoir jongler entre tous les sujets, du dérapage du déficit public aux groupes de niveau à l’école en passant par les polluants éternels…
« Je suis ravi de vous retrouver aujourd’hui », lance-t-il, sans vraiment convaincre. Il se fait huer par des députés RN et LFI, hostiles à cette nouvelle formule, qui rappelle celle des « Prime Minister’s Questions » se déroulant tous les mercredis à la Chambre des communes en Angleterre. Chacun des dix groupes politiques représentés au Palais-Bourbon peut poser une question de deux minutes.
« Vous faites les poches des classes populaires et des classes moyennes, tance Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l’Assemblée nationale. Pour payer vos erreurs, c’est la France du travail que vous allez taper. » « Vous nous parlez du Mozart de la finance. Avec vous, ce serait le crépuscule des retraites et la dette enchantée, c’est ça, le programme du Rassemblement national », répond Gabriel Attal. « Ben voyons », crie un député RN. « Votre politique, c’est de l’escroquerie », accuse ensuite Fabien Roussel, reprochant à l’exécutif de « chouchouter les 1 % les plus riches ».
« Personne n’en veut. C’est honteux », hurle Mathilde Panot lorsque Gabriel Attal tente de défendre les groupes de niveau, une mesure qu’il avait annoncée lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale. La séance finit par ressembler à un échange de petites phrases parfois inaudible. Chacun reste campé sur ses positions, sans prendre la peine d’entendre la réponse de son interlocuteur.
« Attal est déjà cramé ! »
Le député LFI Adrien Quatennens va jusqu’à répondre lui-même aux deux questions qu’il vient de poser au Premier ministre. Alors qu’il est là pour répondre aux questions des députés, Gabriel Attal pose à son tour une question à Quatennens… « On s’y perd, c’est brouillon et ça n’intéresse personne. On reste sur les formes, des punchlines de plateau télé ou de cour d’école », regrette un député MoDem, pas favorable à l’expérimentation, qui doit durer jusqu’au 29 mai. Comme d’autres élus, il a quitté l’hémicycle avant la fin de la séance.
« Le risque, c’est qu’il s’essouffle », glisse un député de la majorité. « Attal est déjà cramé ! C’est un bateleur, plus personne ne le prend au sérieux », cingle Manuel Bompard, député et coordonnateur national de LFI. « C’est objectivement plus vivant que la séance habituelle du mercredi. Mais c’est désespérant sur l’hyperconcentration. On oublie que ce nouveau format, c’est d’abord l’effacement des ministres », réagit auprès du Point le député socialiste Jérôme Guedj.
« Il y a effectivement un côté “Attal show”, grand oral. Mais que seul le Premier ministre soit représenté ne me dérange pas. Le ton est différent des autres ministres, moins monotone, plus vivant. Au moins, lui, il ne lit pas ses fiches ! Ça amène un peu de fraîcheur. En revanche, ça donne un peu le sentiment que les députés, qui n’ont que deux minutes pour lui poser une question, servent de faire-valoir », nuance Philippe Gosselin, député LR.
« On a un show, mais un mauvais show », tacle la présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain. « C’était une séance tonique, défend Constance Le Grip, députée Renaissance des Hauts-de-Seine. Sur les trois séances hebdomadaires de questions au gouvernement [deux à l’Assemblée et une au Sénat, NDLR], qu’il y en ait une réservée au Premier ministre ne me semble pas incongru, loin de là. »
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