Actualités France: Comment la « colleague zone » a pris le pas sur l’amitié au travail #France

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Comment la « colleague zone » a pris le pas sur l’amitié au travail publié par Le Point – Toute l’info en continu le

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Victoire a passé une décennie à sauter d’un pays à l’autre. Missions courtes, valises toujours prêtes. L’anglais pour les réunions, l’allemand pour le marché, l’italien pour les soirées à l’ambassade. Mais au fil des contrats, le besoin de stabilité a fini par s’imposer. Elle a choisi de revenir à Paris pour rejoindre un cabinet de conseil.

Entre-temps, ses amis restés sur place ont eu des enfants, trouvé leur fromager, installé leurs habitudes. Aujourd’hui, même si les trottoirs lui sont familiers, la ville lui échappe un peu. Et au bureau, l’ambiance n’aide pas vraiment à tisser de nouveaux liens. « Ici, tout le monde avale un sandwich devant son écran, souffle-t-elle. Il y a bien Justine, avec qui on rigole un peu. Mais de là à lui proposer d’aller boire un verre ? Je sens que c’est encore trop tôt. Alors le soir, avant de rentrer, je m’installe seule en terrasse, avec un bouquin et un verre de vin. »

Ensemble, mais de plus en plus seuls

La solitude que décrit Victoire n’a rien d’exceptionnel. En France, les liens se distendent, les relations se raréfient. D’après la dernière étude de la Fondation de France, 12 % des Français de plus de 15 ans vivent aujourd’hui en situation d’isolement relationnel. Concrètement, cela signifie traverser des journées entières sans une voix pour prononcer son prénom, sans personne avec qui partager un café, un moment. Des vies qui se déroulent à côté des autres, sans jamais vraiment se mêler. On croise, on salue parfois, mais on ne s’attarde pas. L’essentiel des échanges se résume à l’utile : un « merci » au supermarché, un « bonjour » machinal à la boulangerie. C’est à peu près tout.

À LIRE AUSSI « Sortir avec un collègue ? L’enfer » : pourquoi l’amour au travail est en voie de disparitionCe qui change, c’est que ce vide relationnel s’étend désormais au travail – cet endroit où l’on passe, en moyenne, 1 600 heures par an. Il y a quelques années, le Wall Street Journalindiquait que le bureau arrivait juste après le voisinage parmi les lieux les plus propices pour se faire des amis ou tomber amoureux. Les écrans monopolisent l’attention, les réunions s’enchaînent sans relâche. Le collectif, lui, s’efface en silence. Un mot venu d’Internet a fini par nommer ce flou discret, cette proximité sans élan qui s’installe entre collègues : la colleague zone.

Le terme, popularisé sur les réseaux, a trouvé sa place dans l’Urban Dictionary en 2015. Une variation de la friend zone, transposée au bureau. Ici pas de flirt, mais l’attente légère qu’un lien se forme, qu’une complicité s’invente – et puis rien. Une absence qui ne blesse pas, mais qui laisse un creux. Une courtoisie bien tenue, une distance enveloppée dans le confort des usages. Alors on reste là, dans cette zone tiède du quotidien professionnel, faite de sourires prudents, de mots choisis, et de bulletins météo échangés à voix basse.

L’usure discrète du travail sans lien

Depuis quelques semaines, Pierre tarde un peu à sortir du lit. Ce n’est pas de la fatigue, plutôt un flottement, un élan qui ne vient pas. Comptable, il s’est récemment mis à son compte pour gagner en liberté. Il réalise aujourd’hui qu’il a surtout perdu les autres. « C’est difficile de ne parler de son travail à personne. Pas de café en fin de journée, pas d’anniversaire à fêter, même pas un pot quand il y a une bonne nouvelle », glisse-t-il. Il échange encore avec ses clients, bien sûr. Mais les mots sont précis, les échanges cadrés. Rien de ces mots jetés au détour d’un couloir, de ces confidences sans importance qui, mine de rien, rendent la journée plus légère. « Aujourd’hui, je me rends compte à quel point mes collègues faisaient tenir : parler, râler, rire un peu entre deux dossiers… Ça rendait les journées supportables. Parfois même agréables. » Il marque une pause. « Sans ça, tout devient plus mécanique. »

À LIRE AUSSI « J’ai besoin de voir du monde » : pourquoi la génération Z abandonne le télétravailQu’on soit free-lance ou salarié, travailler seul n’a plus rien d’exceptionnel. Pierre savait qu’il risquait de se sentir un peu isolé. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est à quel point ces collègues finiraient par lui manquer. Pourtant, les effets du manque de lien social au travail sont bien connus. Et largement documentés. Le premier signe, c’est souvent le bien-être qui flanche. En 2022, une étude OpinionWay pour Malt rappelait que 81 % des salariés considèrent les relations entre collègues comme essentielles à leur équilibre. « Le lien aux autres, c’est le premier levier de bien-être au travail. Ce n’est pas un supplément, c’est la base, explique Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreinte humaine. Quand l’ambiance est bonne, qu’on peut rire à midi, demander un coup de main sans crainte, tout devient plus supportable. On encaisse mieux. En revanche, quand ce lien disparaît, on s’isole. On ne fait plus de pause. Et tout devient mécanique. »

La motivation suit le même chemin. « Au début, travailler seul peut donner l’impression qu’on est plus performant, parce qu’on ne dépend que de soi, poursuit le spécialiste de la prévention des risques psychosociaux. Mais très vite, quelque chose vient à manquer. On a besoin de retours, de reconnaissance, de pouvoir partager ce qu’on a fait. Sans ça, on s’épuise plus vite. On perd le goût. Et puis un jour, on se demande pour qui, et pour quoi on travaille. » Une enquête Ifop pour Securex, menée la même année, vient appuyer ce constat : 74 % des salariés disent se sentir plus efficaces quand les relations sont bonnes.

Et puis, sans bruit, c’est l’engagement qui s’effondre. Moins visible que le reste, mais tout aussi profond. Selon l’Insee, les salariés bien entourés sont 1,7 fois plus investis. Car on ne s’implique pas pour une suite de tâches, mais pour les personnes avec qui on les accomplit. Parce qu’on se sent, même brièvement, appartenir à quelque chose de plus vaste que soi.

7 cadres sur 10 observent une montée de l’individualisme au travail

Il y a neuf mois, Audrey a quitté Paris pour Toulouse. Elle venait de décrocher un poste dans une entreprise du secteur aéronautique. Nouveau départ, nouvelle ville, et l’envie – discrète, mais présente – de rencontrer de nouvelles personnes. « Quand je vois les amis de mes parents, la plupart se sont connus au travail », glisse-t-elle. Mais ici aussi, les échanges restent polis et sans relief. « Mes collègues refusent toujours de sortir, de parler de leur vie privée. À midi, on reste sur l’organisation des prochaines vacances, des problèmes de plomberie, le boulot, c’est un peu triste. » Heureusement, quelques amis de promo’ se sont installés dans le coin. Elle hésite un peu et finit par ajouter : « Je ne sais pas si c’est lié à ce secteur d’activité, ou si c’est un phénomène plus large. Mais je m’interroge. Ce qui nous différencie encore des machines, c’est ce qu’on ressent, ce qu’on partage. Et là, parfois, j’ai l’impression que c’est en train de disparaître. »

À LIRE AUSSI « J’en peux plus, je pars » : la contagion de la « démission par vengeance » est-elle en marche ? Contrairement à ce que pense la jeune femme, le retrait qu’elle observe ne se limite pas à son entreprise, ni même à son secteur. Selon le 14ᵉ baromètre « État de santé psychologique des salariés français », réalisé par Empreinte humaine et OpinionWay, 60 % des salariés – et jusqu’à 7 cadres sur 10 – disent percevoir une montée de l’individualisme au travail. Moins de pauses partagées, moins d’élans spontanés, plus de silences fonctionnels. « On accuse souvent le télétravail d’être à l’origine de ce phénomène, regrette Christophe Nguyen. Comme si la distance suffisait à tout expliquer. » Il s’interrompt un instant, choisit ses mots. « Mais la cause est plus profonde. Pour moi, elle tient surtout à un système managérial fondé sur la compétition permanente. »

Entre optimisation, pression à la performance et mobilité

Les objectifs individuels, les tableaux de bord, les indicateurs de performance. Chacun progresse dans son couloir, concentré sur ce qu’il doit livrer. Compté, évalué, comparé. « On veut tout mesurer, même ce qui ne se mesure pas. La finesse d’un échange, l’intuition d’un collectif, la qualité d’une coopération. On essaie de tout faire rentrer dans des cases. » À force de quantifier, on finit par appauvrir ce qui relie. Et la conjoncture ne fait que renforcer cette logique. Dans un climat économique incertain, les entreprises traquent l’optimisation : réduire les coûts, maîtriser les marges, faire plus avec moins. « Les équipes s’ajustent. On garde les profils les plus solides, ceux qui tiennent. Et tant pis pour les autres », ajoute-t-il.

Autre réalité, tout aussi structurante : dans ce tourbillon d’optimisation et de pilotage par les chiffres, les entreprises peinent à reconnaître la valeur de leurs forces internes. Pour espérer un peu plus de reconnaissance ou un simple ajustement salarial, beaucoup de salariés n’ont d’autre choix que de partir. Là où les générations précédentes bâtissaient leur parcours au sein d’une même structure, gravissant les échelons au fil des années, l’OCDE souligne qu’aujourd’hui, on change de poste en moyenne tous les cinq ans. Une cadence plus rapide, qui fragilise les attaches, rend les collectifs plus poreux, et laisse peu de temps à l’amitié. Pas celle des réseaux ni des liens forcés, mais celle qui naît dans les marges, au détour d’un couloir ou d’un creux dans la journée, et qui finit, sans bruit, par donner au travail un peu de sa chaleur.

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Alors oui, la colleague zone peut sembler anecdotique. Un mot de plus dans la novlangue du travail, rangé entre quiet quitting et soft skills. Et pourtant. Elle dit, en creux, ce que l’on ne veut pas toujours voir : des liens qui peinent à se nouer, une forme de retrait poli qui s’installe. Et ce que les salariés venaient encore chercher au bureau – un collectif, une reconnaissance, une forme de présence – s’efface, absorbé par la routine des objectifs, les marges à défendre, la pression du livrable.

Pour Christophe Nguyen, c’est le symptôme d’un système court-termiste, qui abîme autant la santé mentale que le lien social, qui assèche l’envie et délite l’engagement. À force de traquer la performance, on vide le travail de ce qui le rendait vivable. Il ne reste qu’un contrat, sec et sans détour : du temps contre un salaire. Le reste s’efface. L’envie de partager. Le plaisir d’être ensemble. La sensation, même fugace, d’appartenir à quelque chose. Et, au bout de la chaîne, des silhouettes immobiles derrière leurs écrans – presque indiscernables des machines qu’elles font tourner.


Comment la « colleague zone » a pris le pas sur l’amitié au travail

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A lire:

Histoire des États-Unis d’Amérique/L’occupation européenne.,Référence litéraire.

Petite histoire de la France.,Fiche du livre.

Photographie/Sociétés et Organisations/Éditeurs de cartes postales.,Infos sur ce livre. Disponible à la FNAC.

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